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Quand la raison économique l’emporte sur l’opérette franco-italienne


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Emmanuel Macron, invité de la chaîne publique Rai, a voulu dépasser les tensions. Car l’interdépendance économique entre les deux pays n’a cessé de croître.

La dimension européenne de l’interview accordée par Emmanuel Macron à la RAI le dimanche 3 mars n’a échappé à personne. En effet, le président français a tenu à souligner son envie de dépasser les tensions entre les deux pays afin de relancer son projet européen, mais plus indirectement, il s’agissait aussi de favoriser les échanges commerciaux franco-italiens.

En se livrant à une interview sur la chaîne télévisée publique italienne deux jours seulement après la conclusion du second forum économique franco-italien qui s’est tenu à Versailles du 28 février au 1ermars, le président Macron adressait à demi-mots aux Italiens une invitation à la coopération économique.

En effet, si les deux partis au gouvernement en Italie, la Ligue de Matteo Salvini et le Mouvement 5 étoiles en la personne de Luigi Di Maio, paraissent refléter une communion d’idées avec des mouvances contestataires en France, respectivement le Rassemblement National et les gilets jaunes, Confindustria en revanche se trouve plus d’atomes crochus avec son homologue français: le Medef. Et pour cause, les deux organisations patronales ont communément appelé à un dialogue constructif entre les deux pays.

Aujourd’hui, de grands chantiers s’annoncent, nécessitant une coopération bilatérale entre Rome et Paris, comme la ligne ferroviaire Lyon-Turin. Ce projet a été abordé par Emmanuel Macron lors de son entretien avec le journaliste de la RAI Fabio Fazio, et considéré par le président français (à l’instar du ministre de l’intérieur italien Matteo Salvini) comme important, « un choix de nos prédécesseurs », ne pouvant laisser la société se lacérer entre promoteurs du développement économique et défenseurs de l’écologie, à l’heure où selon Emmanuel Macron les technologies permettent de réconcilier la modernité et l’écologie.

Il faut savoir qu’alors même que le torchon brûlait entre les deux gouvernements, la France demeurait le deuxième client de l’Italie, important 10,5% des exportations de la péninsule (pour 42.994 milliards d’euros), juste derrière l’Allemagne. L’Italie, elle, a acheté pour 36.163 milliards d’exportations françaises en 2018. La France est donc le deuxième fournisseur de l’Italie avec une part de marché de 8,9%, derrière l’Allemagne en première position avec 16,2%.

Bilan annuel de ces échanges commerciaux franco-italiens en 2018? 79.156 milliards d’euros, soit 195 millions d’euros d’échanges par jour en moyenne. Elément non négligeable, une hausse des échanges de 2,5 milliards d’euros a été enregistrée entre 2017 et 2018. Cela signifie qu’en dépit de l’opérette en plusieurs actes à laquelle les deux gouvernements se sont livrés ces derniers mois, l’interdépendance entre les deux pays n’a cessé de croître. De cette relation dépendent à ce jour environ 300.000 emplois répartis entre la France et l’Italie.

Ces exportations concernent les secteurs automobile, chimique, pharmaceutique, sidérurgique entre autres. Par rapport à 2017, la France a exporté 10% de plus de voitures en Italie, près de 7% de plus de produits chimiques (idem pour la pharmacie). L’Italie a, elle, vendu 6,4% de véhicules en plus à la France en 2018.

Toujours en 2018, le groupe STEF a acquis Marconi, Médiawin s’est offert l’italien Palomar, premier producteur italien de séries et de films. Le groupe italien Piquadro a racheté Lancel, Viasat a racheté Locster, OMA a racheté la Fabrique du Bocage à Cerizay.

Il y a donc matière à, comme l’a dit le président de la république, mettre de côté « un malentendu qui s’est installé, les péripéties les plus récentes (…) pas graves » entre les deux pays. « Il faut passer au-delà », a-t-il ajouté.

Et de rappeler l’invitation faite au président de la république italien Sergio Mattarella pour le 2 mai prochain: « Nous serons pour les 500 ans de Léonard de Vinci au Clos Lucé, à Amboise et à Chambord avec la jeunesse française et italienne, pour parler avenir et Europe », a confié le président français au journaliste italien, pour célébrer l’un des symboles d’une relation franco-italienne séculaire et féconde.



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